IN THE DUST
Le rêve de tout surfeur est de pouvoir profiter d’une vague vierge. Mais la surfer seul n’égalera jamais le plaisir de partager ces moments là avec des potes. L’émotion et la sensation d’euphorie qu’ils apportent sont incommensurables tant ils sont intenses. Avec nos mots, nos expériences, humblement, nous voulons les raconter dans ce journal.
Ce récit est notre hymne à l’amitié et à l’aventure.
Chapitre 1 : Patience
Arrivés à Marrakech sous une chaleur écrasante, nous louons un char d’assaut : une Fiat Panda. Nous accrochons les boards sur le toit et prenons la route en direction de l’océan. Cette dernière nous immerge dans des paysages d’une beauté rare, nichée entre les montagnes de l’Anti-Atlas et un désert s’étendant à perte de vue. Notre destination du jour est une petite ville balnéaire connue pour ses belles et longues vagues. Ici, le surf est omniprésent : le petit village de pêcheurs a laissé place aux surfshops et restaurants de bord de mer où des surfeurs de tous les continents s'agglutinent pour profiter d'une des plus belles droites de la région.
Ce n’est pas ici que nous comptons trouver les meilleures conditions, mais nous allons quand même checker les différents spots au cas où l’on puisse se mettre à l’eau. Partout, des hordes de surfeurs se disputent les vagues, nous décidons de ne pas rentrer dans l’arène et de tenter notre chance le lendemain. C’est une scène que l’on retrouve assez souvent au Maroc depuis une dizaine d’années, le pays étant devenu une destination de choix pour les surfeurs du monde entier, et particulièrement les européens. Est-ce vraiment ce que nous sommes venus chercher ici ? Avons-nous envie de batailler et d’attendre sagement notre tour au milieu de toute cette foule ? Pas vraiment, non.
Nous décidons donc de ne pas nous attarder et rejoignons le pote chez qui nous avons prévu de dormir pour la nuit.
Le lendemain matin, nous nous levons avant l’aube et allons observer la houle depuis le toit de notre chambre. Victoire ! A travers le léger voile matinal, nous apercevons des lignes magnifiques, un plan d’eau glassy et une seule personne à l’eau. Après quelques minutes d’observation, combis enfilées, planches waxées, nous arrivons sur le spot.
A l’eau, le calme ambiant et la beauté des vagues donnent à la scène une impression d’être hors du temps, comme si tout était ralenti. En ramant vers le peak, le surfeur déjà présent nous gratifie d’une vague surfée avec volupté et justesse. Avant même que nous ayons commencé notre session, une sensation de plénitude nous envahit. Jefferson rame vers sa première vague, le départ est lent. Il se lève fait un bottom turn et glisse sans effort à travers les sections et en profite sur une centaine de mètres.
La série suivante approche, c’est mon tour. La vague est un peu plus creuse mais tout aussi lente. Je prends le temps de l’observer, je me place et me mets à ramer. Je commence à monter, puis descendre, cherchant à jouer avec la lèvre et recommençant jusqu’au bout. Quel moment magique que ces quelques secondes de légèreté pendant lesquelles le temps semble s’arrêter.
Pendant une heure et demie, nous sommes restés tous les trois, partageant ces vagues douces et agréables dans la fraîcheur matinale. Aux antipodes d’un surf “engagé” ou “agressif”, surfer ces vagues revenait à les caresser, dans une osmose complète avec les éléments.
C’était nous, et l’océan.